La collection "La Pleïade" vient de rééditer les oeuvres complêtes du Général de Gaulle dont le talent d'écrivain est connu. Dès l'adolescence, "l'homme du 18 juin" commençait à écrire des pièces de théâtre, comme le rappelle Jérôme Dupuis:
"On l'ignore souvent, mais Charles de Gaulle, dans sa jeunesse, a écrit des poésies et des nouvelles...
Oui, à 15 ans, il a composé une saynète en vers influencée par Rostand et intitulée "Une mauvaise rencontre", qui sera éditée à 50 exemplaires. Trois ans plus tard, sous le pseudonyme transparent de Charles de Lugale, il écrit Zalaïna, une étrange nouvelle racontant les amours coloniales d'un officier et d'une mélanésienne. Il y a parfois un "ange du bizarre" qui plane au-dessus de lui, peut-être hérité de l'un de ses ancêtres, qui était barde breton. De Gaulle s'est inventé à travers les mots. Lorsqu'il comprend, après 1918, qu'il ne pourra pas devenir un grand chef militaire comme il l'a rêvé, il se réinvente par le verbe, en écrivant notamment Le Fil de l'épée [1932]. "
Il est intéressant de rappeler à ce sujet qu'en 1992, le Flamboyant Imaginaire, première revue littéraire de Nouvelle-Calédonie, créée et dirigée par Hélène Colombani, rééditait cette fameuse nouvelle signée d'un certain Charles de Lugale: "Zalaïna", qui avait pour thème les amours exotiques d'un jeune militaire colonial et d'une mélanésienne en Nouvelle-Calédonie. Sans doute inspiré des romans de Pierre Loti, (qui n'échappaient pas aux anciens poncifs du XIXe siècle) , l'auteur faisait connaître une fin tragique digne de "Madame Butterfly" à son héroïne, tandis que le jeune homme retournait en France.
Une curiosité littéraire qui avait beaucoup plu aux lecteurs calédoniens, intrigués (et flattés) que leurs îles aient inspiré l'un des premiers écrits du célèbre personnage.
Hélas, peu temps après, le "Flamboyant imaginaire" (qui fut la première revue à publier des textes bilingues en langues vernaculaires (adjié) avec la participation de Gabriel Poédi), fut interdit, suite à la proposition de certains élus.